Histoire de l'expansion de Barcelone

La ville romaine, Borono, au nom d'origine carthaginoise, s'organise sur le mont Taber autour de l'actuelle place Sant Jaume, cceur de la cité. De la cite romaine, restent de rares témoignages, quelques vestiges de son enceinte et les maigres fragments d'un temple ou ceux d'un aqueduc. Car la ville médiévale s'est emparée de ses murs et a donne visage â celui que I on nomme désor* mais le Quartier Gothique, el Barrio Gótico qui célebre par ses constructions l'apogée catalane.

Une ville fortifiée

Ses fortifications entretenues depuis l'époque romaine ne suffisent plus au Xir siècle á protéger la ville augmentée de faubourgs périphériques. De nouvelles murailles sont construites par Jacques le Conquérant en 1260. Elles enserrent au nord le quartier de la Ribera avec l'église Santa Maria del Mar, véritable joyau de l'architecture gothique catalane. A l'opposé, l'actuelle promenade appelée les Rambles forme la limite des murs défensifs et de la ville, coupée en son milieu par la grande Via Laictana (percée en 1907).

Derrière las Ramblas, Barcelone continue de s'étendre, rejoignant le monastère de Sant Pau del Camp. Son accroissement est tel qu'il nécessite la construction d'une troisième enceinte au milieu du XIV* siècle quand s'installent les temps troubles du Bas Moyen-Age. A la fin de son règne en ISS3, Charles Quint entreprend la construction d'une muraille face à la mer pour protéger la ville des attaques turques, A la fin du XVII siècle, c'est l'ensemble de ces murs de défense qui est renforcé alors qu'on construit sur la colline de Montjuic une première citadelle pour veiller sur la ville et ses installations portuaires La seconde forteresse est entreprise au sortir de la guerre de Succession, en 1716. à l'emplacement de l'actuel grand parc de la citadelle, el Parc de la Ciutadella. près du porc.

Un port toujours actif

La reprise des activités portuaires au XVIII' siècle provoque l'aménagement du quartier de la Barceloneca. à compter de 1753 Aux pieds de la citadelle et a l'entrée de la presqu'île s'étaient installées dans des conditions précaires de nombreuses familles délogées lors de la construction de la citadelle mordant sur le quartier de la Ribera. L'urbanisation de la Barceloneta au milieu du XVIII* siècle selon un plan orthogonal est destinée à assainir les lieux pour recevoir les hommes de la mer, pêcheurs, marins ou dockers, et leur famille.

En ce XVIII* siècle, Barcelone triple sa population en devenant une place commerciale où affluent les produits de l'intérieur du pays destinés à la consommation urbaine mais aussi au trafic maritime qui doit surtout au vin et à l'eau de vie sa prospérité. Déjà les industries textiles lainières et cotonnières apparaissent. Les habitants réinvestissent les quelques 13 000 hectares de superficie intra muros qui s'étaient dépeuplés depuis le Bas Moyen-Âge. La démolition de la vieille muraille du XIII' siècle est entreprise pour le percement d'une artère plantée de peupliers, les Ramblas. Elles relient le port, présidé par la haute statue de Christophe Colomb, au centre ville qui s'étend autour de la Plaça de Catalunya trait d'union entre la vieille ville et la ville moderne.

Les nouveaux quartiers

Au delà de la place de Catlunya. le Passeig de Gracia est l'artère principale de l'Exiample, quartier conçu en 1860 par Cerda pour satisfaire à l'expansion urbaine du XIX* siècle liée à l'essor de l'industrie et relier la ville historique au bourg (aujourd'hui quartier) de Gracia. Il fallait désengorger la vieille ville et créer un nouvel espace à la hauteur des ambitions de la classe bourgeoise. Le tracé des rues dessine avec rigueur des îlots d'habitations parfaitement identiques, étendus de part et d'autre du Passeig de Gracia. La démolition des murailles de ceinture et la création des Rondas en 1860 autorisent cet élargissement. Le tracé des Rondas de Sant Pau, de Sant Antoni, de la Universität, de Sant Pere, constituent une rupture dans le tissu urbain. Barcelone se déploie dans toutes les directions et rejoint la colline de Montjuïc, celle de Pelada aux pieds de laquelle s'est développé le faubourg de Gracia, et au delà encore la colline du Tibidabo, célèbre pour son parc d'attraction. Cette dernière offr une vue spectaculaire sur la ville (elle est le point le plus élevé de la chaîne du Collserola avec 532 m), et la tour de Télécommunications construite par Norman Foster (1988-92) réserve du haut de ses 258 mètres un panorama vertigineux ! Barcelone s'équipe d'une première ligne de chemin de fer dès 1848 (le réseau catalan est construit en 1866) et construit sa première gare à l'emplacement de l'actuelle Estació de França. Non loin d'elle, la citadelle est détruite et l'on prépare bientôt ce nouvel espace, destiné à être un parc (Parc de la Ciutadella), à recevoir l'Exposition universelle de 1888. Dans le même temps, la ville s'ouvre aux horizons marins avec la démolition de ses murailles et l'aménagement du Passeig de Cotón le long du port autour de 1880. Progressivement le centre des activités de la cité, situé au XVIII' siècle au voisinage de la citadelle, se déplace en direction des Ramblas, glisse vers la place de Catalunya (aménagée une première fois en 1901) et s'empare à la fin du XIX' siècle de l'Eixample de Cerda qui se pare alors des plus belles demeures, chefs d'ceuvre du modernisme au décor saisissant dont la Casa Batió où la nom moins célèbre casa Mila de Gaudi.

La ville lumière

Entre 1888 et 1929. en affirmant pleinement son rôle de capitale industrielle, la ville est transformée. De grands axes se dessinent comme l'interminable via des Corts Catalanes sur le tracé alors prolongé de Cerda qui traverse la ville de part en part, de la plaça de les Glories Catalanes à la plaça de España. Les conditions sanitaires sont améliorées par l'extension du réseau d'égoût et Barcelone profite des grandes inventions des temps modernes ; l'électricité est présente dans la rue dès 1888 pour assurer un éclairage sur les principaux axes reliant l'Eixample au parc d'exposition ; en 1900 le tramway et le chemin de fer sont électrifiés ; enfin, le métro fait son entrée sous terre avec deux premières lignes percées en 1929. L'Exposition internationale de 1929 doit avoir lieu sur la colline de Montjuïc ; on envisage alors la Plaça de España pour unir l'entrée monumentale du parc à la ville. Sous l'impulsion des deux grandes Expositions universelles de 1888 et 1929. la ville fait donc l'expérience d'une exceptionnelle croissance maîtrisée selon les principes rationalistes établis par Cerda, tandis que se développent les faubourgs voisins (Gracia. Les Corts. Sants. Sant Gervasi. Sant Andreu ou Horta).

Le grand chantier barcelonais

Depuis lors, son étirement. plus particulièrement entre 1950 et i960 avec l'apparition de nouveaux quartiers périphériques (les Barris Nous où s'entasse une nouvelle population ouvrière), manque d'ordonnancement ; le grand chantier barcelonais qui s'ouvre dans les années 1980. avant même la confirmation des Jeux olympiques en 1986, est un bouleversement pour la capitale catalane qui surprend les barcelonais eux-mêmes !
Les grands axes urbains prolongés par des autoroutes de pénétration sont restructurés, la plaça de les Glories Catalanes, réaménagée sur la Via de les Corts Catalanes par Andreu Arrióla (1991-92), et la plaça de España deviennent les points de liaison stratégiques entre le centre ville et les périphéries cernées par de nouvelles grandes voies autoroutières.
L'organisation des Jeux rend vite nécessaire une planification globale de l'aménagement de la ville confiée d'abord à Oriol Boñigas, puis à Joan Busquets. Il s'agit d'intégrer les banlieues à la ville, de doter chacune d'elles de bâtiments publics, de créer dans toute la ville des lieux civiques, des lieux d'expression de la mémoire collective : les parcs, les places, si nombreux à Barcelone et si spécifiques à la culture méditerranéenne, consacrent ces initiatives : Plaça dels Païses catalans de H. Pinon, A. Viaplana. E. Miralles, 1981-83 ; Parc de l'Espana industrial de L. Pena anchegui e Francesc Rius, 1981-85 ; Parc del Fosar de la Pedrera de B. Gali sur la montagne de Montjuïc, 1983-86, Parc Juan Mir6... En même temps que d'importantes restaurations réhabilitent d'anciennes constructions (la fondation Tapies dans l'Eixample. ou très récemment depuis 1996 la restauration du Parc Gùell de Gaiicli) en hommage aux plus grands artistes catalans du modernisme et de l'avant-garde.

Nombre de constructions contemporaines jonchent la ville, au centre avec le Musée d'Art Contemporain comme en périphérie : sur la place des Glories Catalanes, le centre culturel de Barcelone, l'auditorium de Rafaël Moneo et le théâtre de Ricardo Bofill, architecte qui signe d'ailleurs entre 1987 et 1991 l'aéroport. Le village olympique édifié à l'emplacement d'anciennes usines de la zone industrielle désaffectée du Poble Nou (à l'arrière du Parc de la Ciutadella. près du port) témoigne sans aucun doute du dynamisme toujours affirmé de Barcelone. Cet ensemble de logements et d'hôtels, organisé selon un plan quadrillé à la Cerda. fait toujours l'objet de projet novateurs.

Aujourd'hui, les initiatives ne manquent à Barcelone ; après la ville moderne, le centre ancien est visé. Le quartier d'EI Raval dit El Barrio Chino (quartier chinois, qui n'a de chinois que son surnom) fait l'objet d'importantes restaurations et d'un projet d'urbanisme d'ores et déjà engagé et fort discuté : la percée d'une Rambla pour relier le musée d'Art Contemporain aux Drassanes. anciens arsenaux royaux sur le port. Autrefois populaire, ce quartier a subi un véritable lifting qui aux yeux de beaucoup sacrifie son authenticité et rejette ses habitants. Bref, pour parcourir Barcelone, il est préférable de se munir d'un plan récent !